À l’heure ou paraissent plusieurs textes-manifestes qui replacent la poésie au cœur de ce qu’elle peut encore ouvrir au-devant de nous1, il ne faudrait pas négliger l’essai de Jacques Rancière sur Philippe Beck qui vient de paraître. L’ouvrage rassemble plusieurs articles, interventions et entretiens (dont certains avec Beck lui-même) que le philosophe a consacrés à la démarche singulière de l’un des poètes les plus exigeants d’aujourd’hui. Au carrefour d’interrogations sur l’esthétique, le langage, la philosophie et le politique, Rancière entre dans la poésie critique de Beck comme dans une chambre d’écho à sa propre pensée. Une rencontre pointue mais extrêmement stimulante, qui contribue elle aussi à nous rappeler tout ce que la poésie engage au-delà d’elle-même.
Résonances
Il n’est pas si fréquent que deux figures contemporaines aussi marquantes fassent feu ensemble. Je dis « ensemble » car, à bien des égards, les textes de Rancière sur Philippe Beck s’apparentent plus à un dialogue qu’à une monographie. Les deux auteurs ont une impressionnante production à leur actif : près d’une cinquantaine d’ouvrages publiés et plus d’une centaine de textes liminaires ou parus en revue pour le philosophe. Quant à Philippe Beck, de vingt-trois ans son cadet, une vingtaine de recueils de poésie, des proses, des traductions (Benjamin, S...
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