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Dans l’Ancien Testament et dans le message chrétien de Nouveau Testament, les femmes semblent en apparence occuper des rôles limités, localisés, réduits, secondaires. Dans la Bible, les hommes s’imposent, règnent : les législateurs, les rois, les juges, les patriarches, les prophètes… Et dans la Genèse, Yahvé chasse Adam et Ève du jardin d’Éden ; il évoque les douleurs de l’enfantement et annonce à Ève : « Lui, l’homme dominera sur toi. » Pourtant, Yahvé n’accable pas Ève ; et la faute d’Ève et Adam est commune.
Jacques Duquesne
Les femmes de la Bible
Dans l’Ancien Testament et dans le message chrétien de Nouveau Testament, les femmes semblent en apparence occuper des rôles limités, localisés, réduits, secondaires. Dans la Bible, les hommes s’imposent, règnent : les législateurs, les rois, les juges, les patriarches, les prophètes… Et dans la Genèse, Yahvé chasse Adam et Ève du jardin d’Éden ; il évoque les douleurs de l’enfantement et annonce à Ève : « Lui, l’homme dominera sur toi. » Pourtant, Yahvé n’accable pas Ève ; et la faute d’Ève et Adam est commune.

Dans la Bible, dans la succession des événements du peuple juif, puis dans les Évangiles, interviennent les mères essentielles, les héroïnes, les protectrices, les victimes, les malades, les tentatrices, les prostituées, les reines, les prophétesses, les femmes dans l’entourage de Jésus…

Jacques Duquesne, écrivain et journaliste, a publié des essais, des romans ; il a cofondé et dirigé Le Point ; il collabore aujourd’hui à La Croix et à plusieurs quotidiens régionaux. Dans cet ouvrage original, intelligent, Jacques Duquesne propose plusieurs centaines de portraits brefs et subtils des femmes très différentes ; leurs caractères sont complexes ; leurs désirs et leurs stratégies se modifient.

Si Ève, Sara, Rachel, Rebecca, Judith sont célèbres, des femmes moins connues interviennent dans les récits de la Bible. Rahab, une femme de Jéricho, une prostituée, ruse ; elle cache deux espions de Josué, elle les aide ; elle confesse que Yahvé est plus fort que les dieux païens ; elle implore de lui laisser la vie sauve, à elle et à sa famille quand les Hébreux pénètreront dans Jéricho ; Rahab demeure dès lors « au milieu d’Israël ». Ou bien, Çippora est l’étrangère au teint sombre, celle que Moïse a épousée et qui l’avait sauvé. Ou encore, Anne (alors âgée de 84 ans) est une prophétesse ascétique qui prie dans l’enceinte du Temple de Jérusalem au temps où Marie et Joseph viennent y présenter l’enfant Jésus… Dans l’Ancien Testament, surgissent la fille de Jephté (qui est la sacrifiée), la Moabite Ruth (celle qui a glané dans le champs de Booz), l’épouse innommée de l’Égyptien Putiphar, Yokébed (qui a été la mère de Moïse, d’Aaron, d’Amran et de Miryam), la fille de Pharaon (qui a sauvé et élevé Moïse), Bethsabée (l’épouse de David, la reine, la puissante), la clairvoyante reine de Saba… Jacques Duquesne met en évidence les femmes dans l’entourage de Jésus : la femme adultère, la femme au parfum, l’hémoroïsse, la fille de Jaïre (la miraculée)…

Selon Jacques Duquesne, Yahvé interviendrait constamment dans l’histoire des patriarches et de leurs femmes. Toute naissance supposerait l’action conjuguée de Dieu et du peuple humain. La naissance assure une suite à la personne, mais aussi à la lignée de l’humanité, à l’Histoire. Cette volonté serait peut-être plus celle des femmes que celle des hommes. Le désir de maternité construit donc l’avenir. Les mères sont Sara et Agar (la servante égyptienne), les filles de Lot, Rebecca, les deux sœurs perpétuellement rivales (Rachel et Léa) et leur servante, Tamar (qui s’appelle en hébreu « le palmier »). Dans des récits obscurs et (encore aujourd’hui) choquants des désirs troubles de ces mères (parfois longtemps stériles) ; et leurs ruses s’énoncent.

Les nombreuses illustrations ne sont pas habituelles. Elles sont inattendues ; surprennent. Dans une miniature (XIVe siècle), Ruth glane dans le champ de blé. Un dessin de Marc Chagall s’intitule Rahab et les espions de Jéricho (v. 1960). Sur une enluminure (v. 1505), Judith a coupé la tête d’Holopherne ; elle place la tête dans le sac de la servante. Konrad Witz peint La Reine de Saba devant le roi Salomon (v. 1435). Dans un tableau de Lucas Cranach, David perçoit, sur la terrasse de son palais, une femme qui se baigne : Bethsabée.

Gilbert Lascault

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