Maurice Mourier

Anticipation et Science-Fiction. Les Urubus

Poussière, c’est ce qui d’abord frappe l’œil. Partout répandue, elle souligne les hauts rectangles allongés des vitres, où se lisent encore, à l’envers, diverses inscriptions disposées en arc de ce...

Verne en "Pléiade", une bonne idée ?

Tout d’abord, notons que fort justement Jean-Luc Steinmetz, dans son « Introduction générale » figurant en tête du premier volume, souligne le rapport intime et devenu comme nécessaire depuis le pr...

D'un bonheur vivace, mode d'emploi

Se sent-il chez lui dans leur foyer ? Ce ne serait pas convenable et, puisqu’ils l’hébergent et le nourrissent, que la nouvelle maîtresse de maison lave son linge, ravaude ses pantalons, recoud ses...

Un inédit de Kawabata

Ira-t-on jusqu’à dire que le caractère incomplet des Pissenlits ajoute à la qualité d’une histoire minimaliste (décor, personnages, trame romanesque, tout y est réduit à l’extrême) dont le point de...

Biographie de l'Enchanteur

Oui assurément, car bien des pans de cette existence apparemment si en vue demeurent obscurs pour des raisons diverses dont l’extrême malheur des temps (trois révolutions, d’énormes soubresauts pol...

"Entre centre et absence"

L’ensemble conjugue – et résout – des difficultés d’écriture où tout autre que l’auteur achopperait. Comment, si la moindre allusion précise à un passé douloureux de ténèbres et de deuil, de barbel...

L'homme, cette bête puante

Face à ce gouffre de toutes les turpitudes, on se dit d’abord qu’un grand romancier hongrois un peu fou a voulu réécrire Dante, et ce d’autant que le récit procède par cercles dont chaque spire eng...

Murakami, séquence sentimentale

Pour le soulagement des fans innombrables qui ont fait de ces premiers tomes un triomphe mondial, voici donc l’épilogue de l’aventure touchante d’Aomamé et de Tengo, deux enfants solitaires dont l’...

D'un monde à l'autre

Après l’admirable ballon d’essai d’Aloysius Bertrand dans son Gaspard de la nuit, après Baudelaire et les Petits poèmes en prose, « Crise de vers » permettait à Mallarmé de théoriser l’identité de ...

Henry Miller/Maurice Nadeau, une amitié épistolaire

On sait que Miller, boulimique polymorphe (de nourriture, de vin, de sexe, de livres, en somme de l’expérience vitale dans sa globalité), n’a cessé d’écrire en tous sens, sauf celui de la fiction p...

Claude Simon et la vérité

Le prix Nobel, reçu en 1985, semble les séparer en groupes égaux, deux avant, deux après. Mais cette coupure, que le lecteur introduit tout naturellement (le présentateur s’en abstient à juste titr...

Robinson, le misanthrope heureux

Defoe, qui jusqu’à ce livre étonnant n’avait pas manifesté la moindre vocation de romancier, et qui, depuis sa faillite de 1692 – due à la perte de navires sur lesquels il détenait des parts – se d...

Balzac, les années fébriles

De maison, Balzac changeait en effet souvent au cours de ces années (de ses 37 à ses 42 ans) qui auraient dû être celles de la consolidation définitive de sa fortune littéraire et de sa fortune tou...

Trajectoire de Tanizaki

On le suivra ici dans sa trajectoire chronologique, depuis la nouvelle qui l’a rendu immédiatement célèbre (Le Tatouage, 1910, il a vingt-quatre ans), jusqu’à cet étonnant Journal d’un vieux fou qu...

Contre-utopie

L’aventurier Keber devient ainsi, à la première personne, le narrateur de sa propre aventure. Ce taulard est différent des autres. Affecté de troubles compulsifs, de « bruits dans la tête », tintem...

Cocteau cinéaste, clap de fin

L’excellent Pierre Caizergues, responsable principal de ce volume, rappelle en introduction que Cocteau, qui destinait ces pages secrètes aux jeunes admirateurs futurs et les considérait sans la mo...

Cyrano, penseur de la liberté

La prouesse littéraire la plus difficile, cependant, Jacques Prévot l’accomplit aujourd’hui avec cette biographie à la fois factuelle et intellectuelle qui réussit la gageure d’être exacte sans lou...

Murakami et l'ivresse du feuilleton

Succès complet, aussi marqué auprès du lecteur moyen (beaucoup plus cultivé, soulignons-le, qu’ici) que dans l’intelligentsia. Succès assez explicable si l’on considère une jeune génération que la ...

Sauvé par les mots

Et pourtant, en effet, nous avons affaire à un roman. Du premier et très remarquable fragment (« Celui qui me précède ») au dernier, qui s’interroge enfin sur les raisons mêmes de la collection de ...

Splendeurs transies

Le roman précédent reposait sur une structure en deux parties, très simple : d’abord le récit chargé de bruit et de fureur de la pêche tragique, terminée par la mort de l’ami, cet épisode initial e...

Tristan Corbière est-il un poète maudit ?

L’unique livre de Corbière, Les Amours jaunes, publié à Paris et à compte d’auteur chez les frères Albéric et Louis Glady, 10 rue de la Bourse, en août 1873, deux mois avant la sortie furtive d’Une...

"Que reste-t-il de nos amours ?"

La méthode présidant à l’agencement des trente-quatre pièces du Dépaysement semble de prime abord celle, flottante, d’un écrivain dilettante qui n’aurait pour but, dans ses incursions ponctuelles, ...

La voix qui sauve

Fulgurant : je veux dire écrit comme un éclair se dessine, à la nuit, sur le fond opaque d’un ciel qui, un instant plus tôt, était encore un ciel d’orage. On ne saurait dire, en restant honnête, qu...

En premier. Des inédits de Julien Gracq

Mobilisé comme lieutenant à la fin d’août 1939, il passera « la drôle de guerre » en Moselle puis dans le Boulonnais et en Flandre, avant de rejoindre son régiment d’infanterie qui sera baladé, au ...

Les Liaisons dangereuses, dossier

Afin de compenser le sentiment de légère frustration que pourraient ressentir certains lecteurs (la prétention de l’Histoire littéraire à l’objectivité scientifique implique-t-elle le refus de tout...

L’art de la démesure

Voyons d’abord les éléments de la réussite littéraire, qui est souvent très notable. S’agissant d’un texte et non d’une étude historico-sociologique, cette réussite repose, comme il fallait s’y att...

Ressusciter les morts

Comment l’idée est-elle venue à Edmund, lointain rejeton de la lignée par sa grand-mère Elisabeth, mariée en 1926 à Paris avec Hendrick De Waal, membre de l’Église réformée de Hollande, de raconter...

Epicure peut encore servir

Entre-temps, de – 400 à + 200, la philosophie du Jardin – du nom de la propriété achetée en – 307 à Athènes par Épicure pour y installer son école – avait successivement étendu son influence sur le...

Amusements de lettré

Jouer avec les thèmes, avec l’Histoire littéraire, jouer surtout avec les styles, pasticher comme Proust, parodier comme Rabelais contrefaisant le bredouillis des moines, c’est-à-dire ajoutant le r...

Trois artistes en loge

Et pourquoi la hutte ? Là aussi, les rapprochements sont d’une pertinence qui ne saute pas immédiatement aux yeux. Quand Thoreau, ancien lauréat de l’université Harvard, décide d’accepter l’offre g...

Penser pour réveiller les morts

Jean Levi est sinologue. Il part donc de la Chine, ou bien y revient, au fil de ces six essais qui nous en apprennent beaucoup sur l’Empire du Milieu, sur l’exemplarité et la longévité phénoménales...

Journal du désastre

C’est du moins ce que ce passionnant Journal de bord, jusqu’alors inédit et rédigé après coup mais tout à fait à chaud encore puisque dès septembre 40 en Californie, nous permet de comprendre au jo...

Quand le barde refait surface

Elias Lönnrot est né en 1802 dans le sud d’un pays qui n’existe pas en tant que tel, puisque la Finlande est alors et depuis plusieurs siècles un duché suédois. En 1809, date de la conquête de ce d...

Un roman simple

Arvid, le futur divorcé, a deux filles. Son propre mariage, qui fut d’amour et même de passion, s’est délité, il sait à peine pourquoi. Narrateur méticuleux de l’histoire qu’il vit difficilement, i...

Le Japonais dans l'anti-chambre

Le Kojiki ou « Récits des Temps Anciens », une compilation effectuée pour le compte de la Maison impériale par le barde Hieda-no-Are en 712 de notre ère chrétienne, raconte entre autres mythes réjo...

Lire Pétrarque aujourd'hui

Le maître, déjà illustre à cette époque pour ses compositions en latin, langue héritée du classicisme de Cicéron et d’Horace, qu’il révère, a alors la cinquantaine. Jusqu’à sa mort en 1374, à soixa...

Drame chez les Fantochinois

Trois populations composent ce district enfumé et malpropre avec ses rues défoncées et ses latrines à ciel ouvert qu’on ne peut fréquenter que sur abonnement, ou plutôt deux, qui se partagent « la ...

Colette, butte-témoin

Cent trente textes inédits en volume, qui couvrent toute la trajectoire journalistique de l’écrivain, ce n’est qu’un modeste échantillonnage. Colette a écrit des milliers de pages pour les journaux...

L'Islande est un grand pays

Nous sommes en 1850. La seule ressource est la pêche, si vitale pour ces hommes qui végètent sur une terre sans arbres ni vraie agriculture, où le paysage naît des seules variations de la lumière, ...

Le cercle de boue beckettien

L’argument de Choir, cela ne surprendra pas l’amateur, se résumerait en peu de lignes. Sur une île en forme d’atoll balayé par les vents, pourrie de marécages, envahie de punaises et de mouches, un...

Maurice Pinguet au Japon

C’est en effet Pinguet, alors directeur de l’Institut franco-japonais de Tokyo (1963-1968), à la suite de notre cher Auguste Anglès (plus tard spécialiste reconnu de l’histoire de la NRF), qui invi...

Un éditeur pour le plaisir

Paule Adamy, son auteur, publie depuis quelques années chez l’éditeur Plein-Chant, remarquable par la tenue « impeccable », au sens baudelairien du terme, de l’ensemble de sa production : papier, t...

Mo Yan et ses animaux tristes

Soit maintenant un très malin romancier chinois contemporain qui a l’idée de s’emparer de ce conte noir pour écrire la chronique d’une famille de paysans installée depuis des générations à bonne di...

Poe ou le poète contrarié

Mais le coup de force réussi par Cendrars en 1913 (affirmer son échec en poésie pour mieux étayer son triomphe dans l’invention d’une forme libre qui mélange lyrisme et reportage et en compose un c...

Mimile

Quand il y avait encore en plein Paris des petits commerces tenus par des « Français de souche » – cela n’étant nullement pour dénigrer leurs remplaçants arabes ou kabyles qui nous sont si souvent ...

Jean Pérol : une vie en poésie

Formulation quelque peu testamentaire. Est-ce à dire que la récente conversion à la prose et au roman (Un été mémorable consacré à une enfance meurtrie par la guerre, Le soleil se couche à Nippori ...

Il n’y a pas de sot métier

Passons sur ce qu’une stupide américanisation de la langue « relevée » appelle aujourd’hui les prérequis : la connaissance du français écrit, afin d’éviter les six fautes d’orthographe, trois faute...

Grand d’Islande

Rémission instantanée des angoisses, et ce dès les premières mesures : le dernier Stefánsson est au moins aussi enthousiasmant que les précédents, ce qui ne laisse pas, au fond, de surprendre. Car ...