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Véronèse (Imprimerie nationale)
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Les peintres mexicains (1910-1960) (Flammarion)
Il y a une « qualité Imprimerie Nationale ». Ce Véronèse qu’on a un plaisir aigu à feuilleter, page à page, d’une illustration à l’autre, nous en convainc. La couleur « v...

Il y a une « qualité Imprimerie Nationale ». Ce Véronèse qu’on a un plaisir aigu à feuilleter, page à page, d’une illustration à l’autre, nous en convainc. La couleur « véronèse », qualifiée par référence à un peintre. La fluidité des passages, la science des contrastes, l’harmonie du tout, la reproduction en fait passer quelque chose. Les plis des vêtements, ceux du corps, leurs ombres, s’imposent à nous dans la Déposition de Vérone, où le Christ, blanc cadavre, est posé sur le bleu profond d’un siège.

En 1551, deux portraits saisissants : Iseppe Porto avec son fils, Livia avec sa fille. Ici réunies les images du couple sont, l’une à Florence, l’autre à Baltimore. Le commentaire dresse un inventaire des peintres qui alors ont pratiqué le portrait en pied. Le travail de l’auteur, très érudite, de ce beau livre, sera sans doute apprécié. À tout un chacun il permet de parcourir l’étincelante carrière de Paolo Caliari, de Vérone, dit le Véronèse : des images éblouissantes.

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Le regard de Serge Fauchereau sur l’art est large et va jusqu’à son enracinement. Ses livres comme les expositions qu’il organise ont fait connaître et apprécier son rôle de passeur d’artistes, de mouvements, de continents – rôle qu’il tient depuis plusieurs dizaines d’années.

Parmi ses expositions, ce fut, il n’y a pas longtemps, au Musée d’art moderne de Villeneuve-D’Ascq, les peintres mexicains. Le Mexique est un des territoires favoris de Serge Fauchereau, celui des poètes surréalistes et des peintres révolutionnaires. On apprend beaucoup dans les chapitres précis et bien illustrés de cet ouvrage. Diego Rivera est très présent au cours de cette histoire. Frida Kahlo n’est pas le premier et le dernier mot de la peinture mexicaine, mais son image s’impose : « Un simple autoportrait de Frida Kahlo est toujours troublant […]. Avec Frida Kahlo on ne sait jamais si l’on est dans une farce ou dans une tragédie. » De troublantes photos de cette peinture mexicaine, si riche, si variée, si singulière, dans ses échanges de la gravure populaire, du surréalisme, de la révolution. Le livre de Serge Fauchereau, exhaustif, est un guide sûr, sans pareil...

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La peinture de Jan van Eyck (1390-1441) éblouit, retient le regard. Qu’elle le doive à la virtuosité technique, sans doute. Une virtuosité exceptionnelle que Panofsky a ainsi définie : « La technique propre à Jan van Eyck est d’une minutie tellement inexprimable que le nombre de détails inclus dans la forme totale approche l’infini. De même que le calcul infinitésimal réalise la continuité dans toutes les quantités numériques, cette technique réalise l’homogénéité dans toutes les formes visibles. »

Le détail. Daniel Arasse avait publié en 1992 Le Détail : Pour une histoire rapprochée de la culture (Cf. QL n° 611). On peut penser à ce maître livre en regardant les reproductions de ce bel ouvrage. Jan Van Eyck en vues rapprochées.

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Un très beau livre. Un livre de séduction comme le sont tous les ouvrages édités par Franco Maria Ricci (dont les initiales donnent son nom à sa revue, FMR), où il fait apparaître le rare, dans le texte et les images.

Voici les labyrinthes. Un ouvrage dû, semble-t-il, à l’élaboration par Ricci, à la construction raffinée d’un labyrinthe, réalisant un lieu utopique. Les labyrinthes se lovent dans notre vie – ou l’inverse. Sont ici réunis ce qui a été écrit des labyrinthes d’Hérodote à Borges et de magnifiques illustrations de labyrinthes connus et inconnus : l’imaginaire du labyrinthe, ses images. Un livre ensorcelant.

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Un livre rare, une monographie inattendue, inespérée, de l’œuvre de Marcel Broodthaers (1924-1976). Un artiste, un poète, des images et des mots. Belge comme Magritte, il le remanie, le réécrit, et va ailleurs. Après Ceci n’est pas une pipe, on peut ainsi écrire : « Baudelaire peint », « Magritte écrit ». Broodthaers écrit et peint.

Chaque page de ce « livre d’images » cause une surprise, due au sujet, mais ce sujet lui-même est mis en valeur par la qualité des reproductions.

Marcel Duchamp, référence de Broodthaers, a écrit dans Conditions d’un langage : « Recherche des mots premiers (divisibles seulement par eux-mêmes et par l’unité) ». Il en déduit un alphabet nouveau. Mais, précise-t-il : « Cet alphabet ne convient qu’à l’écriture de ce tableau très probablement. » Chacun des « tableaux » de Broodthaers est unique. Et défie tout mode d’emploi.

Georges Raillard

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